Demain sera (enfin !) présenté en Comité d’Entreprise le projet de réorganisation de l’édition qui pourrait impacter la distribution. Nous vous tiendrons informés et ce point fera l’objet d’une communication ultérieure.
Les difficultés rencontrées par le Groupe, essentiellement dues aux errements et à l’absence de vision stratégique de nos dirigeants, impactent le moral des salariés et suscitent de nombreuses inquiétudes.
Après une année de blocage des salaires et une inflation remontée à 1.2%, l’accord de NAO proposé cette année par la Direction induit une perte de pouvoir d’achat pour tous. Il ne tient pas compte de l’engagement important et constant des équipes, de la complexité croissante de la vie dans l’entreprise, ni de la réduction des moyens, voire trop souvent, de leur disparition. Pourtant, ce sont bien les efforts consentis par l’ensemble des salariés qui contribuent à faire «tourner la machine».
Dans ce contexte morose, les premières projections pour l’accord d’intéressement laissent envisager une prime très nettement inférieure aux sommes perçues les années précédentes. D’une part parce que les objectifs fixés par la Direction étaient volontairement inatteignables et d’autre part parce que les résultats réels du groupe sont, malheureusement, en contradiction avec le discours ambiant qui se veut très positif.
La politique de restrictions budgétaires appliquée à l’ensemble du Groupe permet incontestablement de réduire les coûts mais dans un univers de plus en plus concurrentiel, l’absence d’investissements paralyse la relance de notre industrie.
Coté édition, les chaines thématiques voient leur budget fondre, les productions diminuer voire s’arrêter et les bandes annonces se raréfier dégradant les contenus des antennes. Ces derniers mois, avec la disparition des émissions emblématiques et identitaires de CANAL+, c’est tout un pan de la culture d’entreprise qui se retrouve niée. Les salariés ne se retrouvent plus dans une grille de programme déliquescente, qui fait plus parler d’elle par ses échecs ou ses outrances que par son imagination. L’avenir des Guignols, rares survivants d’une époque révolue, est désormais hypothéqué. Les équipes sont malmenées, et des dizaines d’emplois sont menacés. Il aura finalement fallu un peu plus de 2 ans à notre actionnaire pour transformer de l’or en plomb !
Plus d’un an après la crise d’iTELE, le bilan de cette restructuration ratée est lui aussi redoutable : la chaine d’info a divisé son audience par deux pendant qu’elle doublait ses pertes. De plus, comme nous le redoutions, la direction n’a pas respecté ses engagements de remplacer chaque journaliste parti. Comme pour l’accord d’intéressement, c’est la parole de la direction qui est remise en cause.
Ce groupe a besoin de retrouver la confiance en son avenir, doit permettre à ses multiples talents de s’exprimer et reconquérir sa liberté éditoriale. Ce n’est malheureusement pas l’interventionnisme exacerbé de notre actionnaire qui le permettra, comme l’a prouvé «l’affaire togolaise» aggravée par la diffusion en catimini d’un publi-reportage, qui a jeté, une fois de trop, le discrédit sur notre entreprise.
+Libres saisira d’ailleurs le comité d’éthique sur ce grave dysfonctionnement et l’interpellera sur notre indépendance vis-à-vis de notre actionnaire.
C’est dans ce climat que s’ouvre une année 2018 décisive pour notre avenir. Il est urgent que la Direction fixe un cap clair. Les actions menées jusqu’à présent ne nous ont malheureusement pas laissé entrevoir une avancée significative pour l’avenir du Groupe. Nous attendons toujours les moyens afférents aux objectifs à atteindre.
Nous considérons donc qu’il est grand temps d’associer les salariés et leur savoir-faire respectifs à la relance du Groupe, et non d’enchaîner les plans de licenciement coûteux et stratégiquement catastrophiques. Depuis septembre 2015, ce sont près de 100 millions d’Euros qui auront servis à licencier des salariés, pendant que ceux qui restent voient leur pouvoir d’achat reculer et leurs conditions de travail se dégrader.
Un signal fort d’une prise en compte de ce malaise profond, de ce divorce entre des salariés démotivés et une direction de plus en plus isolée sera la relance d’un dialogue social constructif et transparent, et non l’obstruction systématique de ces derniers mois. Les salariés et leurs représentants doivent être respectés. Nos différends doivent se régler dans un cadre apaisé et non plus devant les tribunaux. +Libres saura y participer activement, mais sans concession ni compromission. Espérons que la Direction saura nous entendre et vous considérer. Vous pouvez compter sur notre détermination, mais nous avons aussi besoin de votre soutien !