Après une rentrée sur fond de censures et d’une presse dévastatrice, nous restons impatients de retrouver le chemin de la sérénité et celui annoncé de la croissance.
Pourtant, pour la plupart d’entre nous, les perspectives d’avenir restent floues voire même inquiétantes.
Nous voulons y croire car nous le savons tous, la pérennité de nos emplois dépend de la survie et de l’avenir du Groupe. En cette fin d’année, +Libres a souhaité faire un premier bilan et le moins qu’on puisse dire est qu’il n’est guère réjouissant.
Depuis 3 mois, nous questionnons notre Direction sur ce que nous avons pu lire dans la presse, apprendre à l’Olympia, ou tout simplement entendre bruisser dans les couloirs et force est de constater que les réponses sont, la plupart du temps, très évasives.
Voici une synthèse non exhaustive des sujets que nous avons abordés.
2 milliards d’euros…… ça fait rêver mais ne soyons pas naïfs ! Cet investissement n’est pas un don, il s’agit bien d’un prêt. Nous n’avons pas pu obtenir les modalités de ce montage financier pas plus que la durée de son remboursement. En fait, Vivendi nous autorise à accélérer nos projets de développements et d’i investissements, notamment le déploiement de la nouvelle génération de décodeurs et la reconquête des droits sportifs qui nous font cruellement défaut.
Seulement voilà, le projet de la nouvelle génération de décodeurs initié par l’ancienne Direction et qui était sur le point d’être déployée vient d’être stoppé net. Une filiale du Groupe Bolloré chargée d’auditer le projet, aurait jugé la technologie inadaptée aux enjeux et récupèrerait à son actif le projet et le budget. Assiste-tt-on à une externalisation de la réflexion stratégique et des prises de décisions ?
Les droits sportifs ? CANAL+ vient de perdre la Premier League au profit d’Alice qui n’a pas hésité à aligner environ 100 millions d’euros par an pour l’acquérir et qui est déterminée à se positionner comme un acteur incontournable dans les médias. Les autres droits sportif s dits « majeurs » ne peuvent malheureusement se renégocier que dans 2 ans dans le meilleur des cas. La semaine dernière des analystes financiers évoquaient le rachat de beIN Sports par CANALL+. Il ne reste plus qu’à espérer que le propriétaire d’Altice ne soit pas lui aussi en pourparlers avec les Qataris.
250 millions d’euros pour H2O ? Le Groupe CANNAL+ se retrouverait engagé à produire des émissions avec la société de production appartenant à Cyril Hanouna à hauteur de 500 millions d’euros par an pendant 5 ans. « Touche pas à mon sport » à l’antenne depuis peu, est bien facturée à D8 mais la prestation technique assurée en interne n’a pas pour autant vu son budget augmenter. C’est donc une heure supplémentaire de direct produite au quotidien, mutualisée avec les moyens de « Touche pas à mon poste ». A partir de janvier, c’est « La Grosse Emission » initialement produite en interne qui va être confiée à H2O. Le coût de production augmente (marge producteur oblige) et Comédie+ paye la facture ! Quelles autres émissions vont lui être confiées ? +Libres n’a pas pu obtenir à ce jour les détails de cet accord.
Vincent Bolloré a dénoncé notre trop grande dépendance aux productions externes. Est-il en train de changer d’avis ?
Que dire de la relance d’iTélé dont les salariés ont été très récemment sollicités pour créer des groupes de travail et réfléchir collectivement sur le devenir de la chaine ? Si la démarche semble louable, une question reste en suspens : était-il nécessaire d’évincer la précédente Direction pour entamer 3 mois plus tard une réflexion collaborative ? Où est le projet de développement évoqué en CE fin septembre ? En vue de l’éventuelle arrivée de LCI en gratuit, +Libres s’inquiète de l’absence de réflexion sur ce sujet.
Nous avons pu constater l’omniprésence du recours aux services Havas sous couvert de la sacro-sainte « synergie » devenue le maître mot de tout projet entrepris au sein du Groupe. Mais celui-ci s’opère la plupart du temps en dehors de tout appel d’offre et donc de toute règle de gouvernance. Des « cousins » nous répond-on qui sont en fait très éloignés puisque si nous partageons bien un même actionnaire, Havas ne fait partie ni du Groupe CANAL+ ni de Vivendi.
Comment ne pas continuer de s’interroger sur l’absence des Guignols dans l’émission phare et emblématique des tranches en clair de CANAL+ ? Le Grand Journal peine à trouver ses téléspectateurs et les audiences, amputées de leurs marionnettes historiques, restent décevantes. Si la Direction semble assumer le manque à gagner en recettes publicitaires, et dit vouloir laisser du temps à l’émission pour trouver son public, +Libres déplore à travers cette décision, la dégradation de l’image de CANAL+ qui constitue une perte de valeur pour notre Groupe.
+Libres a également souhaité clarifier la position de STUDIOCANAL vis-à-vis de Mars Distribution dans laquelle Vivendi vient de prendre une participation de 30% (épongeant ainsi une grande partie les dettes de cette société) et des éventuels conflits d’intérêt que cela pourrait représenter à l’avenir. Mais sur ce sujet, comme sur les autres, la Direction reste floue lors des réunions du CE et ne semble pas décidée à consulter les élus sur ces choix stratégiques alors même que c’est une obligation légale, et ce, malgré nos demandes insistantes.
+Libres vous invite d’ailleurs à consulter l’intégralité des procès-verbaux de ces réunions, vous y découvrirez la réalité des débats.
Nous aurions aimé finir cette communication sur une touche positive en vous parlant de la NAO (Négociation Annuelle Obligatoire) mais malheureusement les nouvelles ne sont guère plus réjouissantes. La prochaine réunion a lieu aujourd’hui… Nous allons pouvoir vérifier si le dialogue social, annoncé comme un des piliers de la nouvelle Direction, s’inscrit lui aussi dans le chapitre des promesses non tenues.